Le paradoxe de l’industrie française
Selon une étude de la Fabrique de l’Industrie, l’industrie française se trouve face à un paradoxe : alors que les formations dans le domaine sont abundantes, près de la moitié des jeunes diplômés ne travaillent pas dans le secteur qu’ils ont étudié. Une situation confirmée par Théo Babin, jeune bac pro fonderie au lycée Marie Curie de Nogent-sur-Oise : “Je suis qualifié, je trouverai du boulot” prédit-t-il en parlant de son avenir dans l’industrie.
L’équation difficile de l’emploi industriel en France
Les chiffres sont alarmants : près de 100.000 emplois industriels sont à pourvoir chaque année en France. Cependant, ce chiffre cache une réalité complexe : la majorité de ces postes vacants ne se trouve pas en raison d’un manque de formation, mais plutôt d’un manque d’attractivité du secteur et de problèmes de mobilité des travailleurs. Cela malgré le fait que le gouvernement a pour ambition de réindustrialiser le pays à marche forcée.
Un manque d’attractivité et une difficulté de mobilité
Aline Leleux, proviseur du lycée de la Briquerie à Thionville, confirme que la mobilité des jeunes diplômés de l’enseignement professionnel reste compliquée : “Ils sont dans l’année de leurs 18 ans. Ils n’ont pas forcément le permis de conduire, ni les ressources pour aller chercher un emploi en dehors de leurs bassins de vie”. Ainsi, beaucoup de diplômés choisiraient un emploi en proximité de leur domicile, plutôt que celui pour lequel ils ont été formés.
Offres d’emploi, formation et choix de carrière : un triste cercle vicieux
Selon l’étude de la Fabrique de l’Industrie, l’appariement entre offre et demande est problématique : de nombreux jeunes sont orientés de force vers des métiers qui ne leur conviennent pas, et ne recrutent pas dans leur région. Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et la Formation professionnels, insiste sur l’importance de rendre l’enseignement professionnel plus responsive aux besoins de l’industrie et des secteurs plus porteurs.
Une potentielle solution : la territorialisation des formations
Pour réduire ce taux d’évaporation, l’étude propose de territorialisant les infrastructures de formation et de les mutualiser indifféremment de la typologie des publics. Ceci dans le but de prendre en compte la faible mobilité des Français, et de former autant que possible dans le territoire pour les besoins du territoire. Récemment, le lycée Loritz à Nancy a mis en place un programme pour familiariser ses étudiants avec la filière nucléaire, essentiel pour le bassin industriel local.
Le chemin est encore long pour l’industrie française, malgré les efforts déployés et les nombreuses opportunités de formation disponibles. La solution devra prendre en compte aussi bien l’attractivité du secteur, que la volonté et la capacité des jeunes à se déplacer pour trouver un emploi. À moins que la relocalisation des activités industrielles ne simplifie cette équation délicate.